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dimanche 13 novembre 2011

Les ails et oignons sauvages, pour le plaisir des yeux et des papilles!

L'ail (Allium sativum) et l'oignon (Allium cepa)  sont utilisés communément depuis longtemps, et bien connus pour leurs propriétés culinaires et médicinales. Le continent nord-américain regorge d'espèces d"ails", d'"oignons", ou de "poireaux" sauvages, qui ont des propriétés très similaires, mais celles-ci sont en généralement peu connues. Nul ne peut nier la popularité de l'ail des bois au Québec, mais qui connait son cousin, l'ail du Canada?

 Le voici!
Allium canadense
Sa floraison a lieu au printemps et en début d'été, et son bulbe est comestible. On peut le consommer cru ou cuit, ou encore le mariner, à la façon des petits oignons.  D'ailleurs, ne vous attendez pas à un gros oignon....il ne mesurera au plus que 3 cm!  Ses feuilles, basilaires, minces et aplaties, sont apprêtées comme la ciboulette ou le feuillage de l'échalote. Les fleurs ajouteront goût et couleur à vos salades.

Pour bien fleurir, il demande un sol humide, bien drainé, et du soleil.  Plus il en a, meilleures sont les chances d'avoir des fleurs roses; à la mi-ombre, elles seront plus pâles, voire blanches, et à l'ombre, il fleurit rarement.
Dans la nature, on le trouve dans une grande variété d'habitats; il pousse, au sud, jusqu'au Texas, et même au-delà, et sa limite ouest est l'état du Montana.
Allium canadense (1)
En effet, cette plante sait s'adapter aux habitats les plus variés, et, malgré sa préférence pour les sols humides, résistera, en général, bien à la sécheresse.

Elle se propage fidèlement par bulbilles, mais ses semences sont souvent stériles. Par conséquent, comme pour toute plante indigène, récoltez de façon sensée. Elle est classifiée au Québec parmi les végétaux "susceptibles d'être désignés menacés ou vulnérables", et est officiellement menacée chez nos voisins du sud dans les états du Maine, du New Hampshire et du Vermont. Paradoxalement, elle est considérée comme une mauvaise herbe en Arkansas.

Allium cernuum
En second lieu, l'ail penché!
Pourquoi ce nom? C'est que sa jolie caboche de fleurs roses, réunies en ombelle, semble toujours regarder le sol! Celles-ci sont d'ailleurs comestibles et agrémenteront agréablement vos salades estivales, tout en leur donnant un goût légèrement relevé, s'apparentant à celui de la ciboulette. On peut aussi manger le bulbe, cuit ou cru, ainsi que les feuilles, dont le goût rappelle l'oignon, plus que l'ail, malgré son nom.
C'est une superbe plante à inclure dans vos plates-bandes ou au potager, où elle attirera les insectes pollinisateurs.
Plante sans problème par excellence, selon moi, bien sûr. Comme elle fait partie du genre Allium, elle est très rarement attaquée par les insectes et les rongeurs, à qui son goût piquant déplait.


Allium cernuum
Elle accepte bien tout type de sol, tant qu'il est bien drainé, et apprécie une exposition au plein soleil.  Elle tolère bien les sols secs et résiste aux embruns salins.
Sa distribution est très vaste: du Québec au Mexique au sud, jusqu'en Colombie-Britannique à l'ouest. Elle pousse dans les endroits les plus divers, et n'a pas peur des hauteurs: on peut la trouver, en montagne,  jusqu'à 3500 mètres d'altitude. On peut la propager facilement par semis, ou par division, une fois le plant établi.

En dernier lieu, je vous parle de la bien-aimée et connue ciboulette, Allium schoenoprasum. À l'est du Québec, elle pousse spontanément, sous forme de la variété sibiricum, où, selon La Flore Laurentienne, elle"habite typiquement les grèves estuariennes et les graviers des rivières de l'Est du Québec".
Allium schoenoprasum "sibiricum"
C'est une forme plus robuste et un peu plus grande de la ciboulette commune.  Contrairement à ce qu'on pourrait penser, car la ciboulette est bien reconnue comme une plante résistante à la sécheresse,  cette forme  de ciboulette supporte très bien les sols humides, et même des inondations temporaires, pouvant varier de quelques heures à quelques semaines.  Toujours selon La Flore Laurentienne, dans son habitat naturel, sur les grèves de l'estuaire du St-Laurent,  elle est souvent submergée par les marées, et n'en souffre pas outre mesure. Voici donc une plante résistant très bien aux extrêmes du climat québecois!  N'oublions pas que ses fleurs roses attirent les insectes pollinisateurs en quantité. C'est donc un excellent choix, tant au potager qu'au jardin ornemental.
           Allium schoenoprasum "sibiricum"

































(1)Thomas G. Barnes @ USDA-NRCS PLANTS Database / Barnes, T.G., and S.W. Francis. 2004. Wildflowers and ferns of Kentucky. University Press of Kentucky.

jeudi 3 mars 2011

Nos rosiers indigènes

Rosa blanda
Ah! La rose, cette fleur unique!  Bien sûr, chacun connait la fameuse rose des fleuristes, mais savez-vous qu'il existe plusieurs espèces de rosiers indigènes au Québec?
Nos rosiers sauvages possèdent une floraison beaucoup plus simple, plus sobre que celles de leurs cousines cultivées; ce qui ne les empêche pas d'en égaler la beauté. D'ailleurs, dans son livre Cent fleurs de mon herbier, (éd. Beauchemin, Montréal, 1942) E.Z. Massicotte en fait l'éloge '' Nos espèces indigènes ne sont pas(...)bien variées. La couleur des corolles varie du rose pâle au rouge foncé. Elles n'en sont pas moins belles. Comment pourrait-il en être autrement?  Quand on dit rose on dit beauté, et la plus humble comme la plus coquette a droit à notre admiration, car elle reste la fleur par excellence en tous pays.'' Que de justesse dans ces lignes!
Vous pouvez, vous aussi, constater que les fleurs de nos différentes espèces indigènes se ressemblent...  mais chacune d'entre elle est différente, et exige des conditions de culture qui lui sont propre. Par exemple, le Rosa blanda, ou rosier inerme, ne possède que peu ou pas d'aiguilles, ce qui le rend intéressant pour le jardin.  Il fleurit au printemps, pousse en sol calcaire à neutre, sec ou humide mais bien drainé, et accepte l'ombre partielle ou le soleil direct.

Rosa palustris
Un rosier pour un coin très, très humide? Ça existe!  Je vous présente le rosier palustre, Rosa palustris. Vous profiterez de sa floraison estivale en lui fournissant un sol légèrement acide et constamment humide.  Celui-ci peut même être submergé. Selon La Flore laurentienne, il possède des tiges qui atteignent de 30 cm...à 250 cm!  Assurez-vous donc d'avoir de la place! On le retrouve naturellement sur le bord de nos lacs et rivières, en eau peu profonde, au soleil ou à l'ombre.

Rosa nitida

Ce géant potentiel est trop imposant pour votre 'coin' humide? Optez alors pour le rosier brillant, Rosa nitida. Ses folioles d'un vert lustré ne manquent pas d'éclat, et, comme son congénère, il fleurit en été.  D'une taille plus raisonnable, il n'atteindra que 60 cm au  maximum...vous pouvez donc le loger beaucoup plus facilement au jardin, à proximité d'un bassin, par exemple.

Rosa acicularis
Particulièrement abondant en Abitibi-Témiscamingue, le rosier aciculaire ou rosier arctique, Rosa acicularis, est une espèce qui n'a pas froid aux feuilles! Emblème de l'Alberta, son aire de répartition s'étend jusqu'aux territoires du Nord-Ouest. À la fin du printemps, sa floraison rose foncé égaie les lieux ouverts aux sols humides et bien drainés, légèrement acides. Il tolère l'ombre, mais préfère une situation ensoleillée, et atteindra environ 1 mètre à maturité.

Rosa carolina
Si, lors d'un promenade sur les magnifiques dunes de sable des Iles-de-la-Madeleine, vous apercevez un rosier, c'est sans contredit Rosa carolina, qui en est originaire.  Évidemment résistant aux embruns salins, il requiert un plein soleil et un sol bien drainé pour être en pleine santé. D'ailleurs, il tolère très bien la sécheresse et ne craint pas les canicules!



Rosa woodsii
Le rosier de Woods, Rosa woodsii, au début de l'été, se distingue par ses fleurs rose pâle nombreuses, délicates et parfumées, chacune d'entre elles ne mesurant qu'environ 2 cm. Marie-Victorin le mentionne dans sa Flore laurentienne, mais les populations importantes se trouvent à l'ouest du continent.  C'est, avec le rosier aciculaire et le rosier de Nootka, l'une des trois espèces de rosiers indigènes en Alaska; vous pouvez donc imaginer qu'il affronte les pires froids sans problème! Réputé de culture facile, il s'adaptera au soleil ou à l'ombre et à différents types de sols.


Rosa virginiana
Les fleurs du rosier de Virginie, dont la teinte se rapproche de celle des roses de Woods, sont tout aussi parfumées, bien que plus grandes: de 5 à 7 cm.  Au Québec, on retrouve Rosa virginiana surtout à l'est, dans les clairières, les prés et les champs. Il est particulièrement abondant dans les Maritimes, certains le considèrent même comme plutôt envahissant.  En effet, il croit à un rythme rapide, et se contente de peu, pourvu que le soleil soit au rendez-vous.  Il tolère bien la sécheresse, les vents forts et les embruns salins, et il se plaît même dans le sable!

cynorhodons
 Maintenant, quelques faits communs à toutes ces espèces de rosiers: mentionnons que les fruits, appelés cynorhodons, sont comestibles, à conditions d'enlever les petits poils irritants autour des semences.  Ils contiennent plein de bonnes choses dont, entre autres,  de 5 à 10 fois plus de vitamine C qu'une orange! On peut même en faire du vin. Ils attirent les oiseaux et plusieurs petits animaux. Les pétales servent à confectionner des gelées et à aromatiser gâteaux, limonades et autres gourmandises.
Depuis des millénaires, on fabrique, avec la rose, des laits, crèmes et lotions qui soulagent les coups de soleil, adoucissent et tonifient la peau...et on ne compte plus les parfums qui s'en inspirent!

Les rosiers apprécient en général un site ensoleillé ou légèrement ombragé et un sol bien drainé. Les espèces sauvages, plantées dans un endroit choisi selon leurs besoins particuliers, ne sont que très rarement la cible des ravageurs.  Si vous apercevez des feuilles, des fleurs ou des bourgeons tachés ou déformés, supprimez la ou les parties atteintes et tentez de déterminer la cause de l'anomalie. De manière générale, on peut prévenir et traiter les maladies fongiques de façon efficace en vaporisant sur le feuillage restant,  à toutes les semaines, une solution d'une cuillerée à thé de bicarbonate de soude et de quelques gouttes de savon à vaisselle pour un litre d'eau. S'il faut se débarrasser d'insectes, la meilleure chose à faire, après avoir coupé les tiges trop affectées, est d'asperger le feuillage, à quelques reprises, d'un jet d'eau assez puissant. Ceci éliminera la majeure partie des indésirables.  Une fois le feuillage sec, si nécessaire, on peut compléter le traitement par l'application d'une solution composée de 1/4  de c.à thé de piment de cayenne en poudre dans un litre d'eau et de quelques gouttes de savon. Filtrez avant d'appliquer, jusqu'à une fois par semaine.


Rosa virginiana en pleine santé!
Voilà! Il ne vous reste plus qu'à choisir le rosier qui convient à votre jardin, vous y installer (tous les deux!) confortablement,  et à vous laisser envoûter par le parfum de ses fleurs...la nature fera le reste pour vous. Bon jardinage!



mercredi 19 janvier 2011

Le millepertuis:la plante aux milles vertus!

Hypericum perforatum:sommité fleurie
Que vous l'appeliez millepertuis, Hypericum perforatum,  herbe-de-la-St-Jean ou tout simplement 'mauvaise herbe' (explications plus bas!), cette plante peut faire quelque chose pour vous!
 
  Bien sûr, j'aime m'épancher ici sur les nombreuses utilités de nos végétaux sauvages et leur beauté, et je les aime tous, mais le millepertuis est l'une des plantes les plus multifonctionnelles que je connaisse. Ajoutez à cela une adaptabilité à toute épreuve,  des usages intéressants, de coquettes fleurs jaunes soleil se succédant tout l'été, une absence absolument totale d'entretien, et mon cœur chavire ! Je suis vendue! J'en veux un champ!

Hypericum perforatum:fleurs
De nos jours, on vante le millepertuis pour ses propriétés anti-dépressives, cependant, je vous présente ici un aperçu de tout ce qu'il a à offrir, en plus de nous redonner le sourire.

Dans la culture Amérindienne, son infusion est un remède contre la bronchite, les spasmes à l'estomac, les états nerveux, la jaunisse, la dysenterie et de nombreuses autres affections, celles touchant les poumons notamment. On sait maintenant qu'il a la propriété de ralentir l'évolution de certains virus, ce qui pourrait le rendre utile, entre autres,  au traitement contre le sida.

Pour profiter des bienfaits du millepertuis en usage externe, on dépose des fleurs fraîches jusqu'au 2/3 dans un bocal de verre clair que l'on remplit ensuite d'huile d'olive ou de sésame, puis on expose au soleil pendant 2 semaines en agitant légèrement chaque jour. L'huile ainsi obtenue prendra une belle couleur rouge.  Elle est appliquée sur la peau pour soulager brûlures, inflammations musculaires ou nerveuses (comme celle du nerf sciatique), et pour favoriser la guérison et la cicatrisation des plaies en général. La décoction peut être utilisée sur le visage pour améliorer la peau grasse ou pour rincer les cheveux secs et cassants. Les teintures obtenues de ce végétal exceptionnel varient du jaune au violet.
Hypericum perforatum:fruits remplis de semences

Le millepertuis se cultive très facilement, sa seule exigence étant que le sol soit bien drainé, peu importe qu'il soit humide ou sec. Résistant très bien à la sécheresse, il tolère aussi bien l'ombre modérée que le soleil cuisant.  Ses usages au jardin sont donc nombreux, mais ce sera une plante à proscrire des aménagements rigoureux et ordonnés, puisqu'elle se reproduit de façon  prolifique, non seulement par stolons souterrains, mais également par les semences que chaque plant produit annuellement...jusqu'à cent mille !

 Il est d'un effet magnifique dans un pré fleuri, un coin ensoleillé du jardin ou une large large plate-bande campagnarde, entouré d'autres plantes qui ne craignent pas de prendre de la place, par exemple, marguerites, rudbeckias et origan.  Comme toutes ces dernières, il attire et nourrit une panoplie d'insectes bénéfiques.  En automne, il arbore fièrement ses fruits rouges et son feuillage légèrement coloré de la même teinte.

Hypericum perforatum:feuillage automnal

En bref
Français:Millepertuis, herbe-de-la-St-Jean
Latin:Hypericum perforatum
Anglais:St. John's Wort
Indigène au Québec: Non. Naturalisé depuis environ 1750
Hauteur: 90 cm
Largeur: 60 cm
Sol:Bien drainé, de sec à humide.
Situation: mi-ombragée à ensoleillée
Fleurs: jaunes, 15-25 mm, nombreuses
Fruits: petites capsules rouges
Habitat: Général au Québec, lieux ouverts, champs, bord des routes, etc.





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jeudi 6 janvier 2011

Le sureau du Canada: un secret sucré bien gardé!

 Si vous avez comme moi la chance d'habiter à proximité d'abondantes talles de sureau blanc, vous pouvez ignorer son nom, mais certainement pas ses dizaines de corymbes de fleurs blanc crème, qui, en début d'été, couvrent à ce point l'arbuste qu'il en semble, de loin, couvert d'une dentelle délicate.

  
Si l'on s'approche, on peut sentir un parfum doux et agréable et remarquer que chaque corymbe est constituée de dizaines de petites fleurs qui ont l'apparence d'autant de petites étoiles. Les inflorescences peuvent êtres trempées dans de la pâte à crêpes, puis frites (je me promet d'essayer cet été avec du sirop d'érable!) ou séchées, puis consommées en infusion.

Impossible de faire abstraction des fruits, qui, après la floraison, passent du vert au violacé très foncé.  C'est à ce stade qu'il faut les cueillir, avant quoi ils sont indigestes, voire toxiques.  Le goût de cette baie juteuse et sucrée, crue ou cuite, est unique. Si la récolte est abondante, elles feront de délicieuses tartes, des gelées, des sirops, et j'en passe! Elles se congèlent et se sèchent aussi très bien. Quel délice!

 Les Amérindiens accordaient plus d'une vertu à cette plante. Certaines tribus affectionnaient les fruits en infusion pour lutter contre les rhumatismes, d'autres en faisaient un vin consommé comme tonique. Les Iroquois, entre autres, fabriquaient un cataplasme avec l'écorce interne du sureau blanc, et l'appliquaient sur le front des personnes souffrant de maux de têtes et de migraines. Et ce ne sont que quelques exemples, car les usages de cet arbuste sont nombreux et diversifiés.

Au jardin, dans un sol frais et humide, au soleil ou à l'ombre, il nourrira papillons et oiseaux.  Dans ces conditions, il ne demande aucun entretien. En automne, son feuillage tourne au jaune. Son port arrondi et généreux en fait un excellent sujet pour former une haie feuillue. Il convient aussi de l'utiliser en isolé, ou, accompagné de végétaux rustiques qui le mettront en valeur, il créera un point focal imposant tout au long de la belle saison.


En bref
Français:Sureau blanc, du Canada
Latin:Sambucus canadensis
Anglais:American Elder
Indigène au Québec: oui
Hauteur: 3 mètres
Largeur: 2 mètres
Sol:humide, frais
Situation: ombragée à ensoleillée
Fleurs: cymes de fleurs blanches au printemps
Fruits: baies noires-violacées, comestibles
Habitat: Général au Québec, dans les lieux humides tels les bord de ruisseaux et le long des routes